Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/94

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galop de chevaux ; puis, comme un éclair, toute une compagnie d’hommes d’armes tournant l’angle de la route, passa devant les jeunes gens et disparut presque au même instant. Ils couraient comme en fuite, dans un complet désordre ; quelques-uns étaient blessés ; des chevaux sans cavaliers galopaient à côté d’eux avec des selles ensanglantées. C’étaient évidemment des fugitifs de la grande bataille.

À peine le bruit de leur passage commençait à s’éteindre vers Shoreby, de nouveaux sabots firent écho à leur suite et un autre déserteur fit résonner la route ; cette fois, un seul cavalier, et à voir sa splendide armure, un homme de haut rang. Immédiatement après lui, suivaient plusieurs chariots de bagages, dans un galop désordonné, les conducteurs fouettant les chevaux à tour de bras. Ils devaient s’être enfuis de bonne heure ; mais leur lâcheté ne devait pas les sauver. Juste un peu avant qu’ils ne fussent devant l’endroit où se trouvaient les jeunes gens étonnés, un homme à l’armure ébréchée, et qui paraissait hors de lui de fureur, atteignit les chariots et, avec le manche d’une épée se mit à renverser les conducteurs. Quelques-uns sautèrent de leurs places et plongèrent dans le bois, les autres furent sabrés par le cavalier qui ne cessait de les maudire comme des lâches, d’une voix à peine humaine.

Pendant tout ce temps le bruit au loin avait