Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/96

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mais quand il s’agissait de sauver des vies d’hommes vous aviez le cœur plus dur, dit Dick avec mépris. Vous avez sept morts sur la conscience, maître John, et je ne vous le pardonnerai jamais.

— Conscience, ma conscience ! dit Matcham le regardant fièrement. Et vous, vous avez le sang rouge de l’homme sur votre poignard ! Et pourquoi l’avez-vous tué, le malheureux ? Il a bandé son arc, mais il n’a pas tiré ; il vous avait en son pouvoir, mais il vous a épargné. Il est aussi brave de tuer un jeune chat qu’un homme qui ne se défend pas.

Dick était muet.

— Je l’ai tué loyalement, dit-il enfin. Je me suis jeté sur son arc.

— Ce fut un coup de lâche, répliqua Matcham. Vous n’êtes qu’un butor et un tyran, maître Dick : vous abusez de vos avantages ; qu’il vienne un plus fort nous vous verrons ramper sous sa botte ! Vous ne pensez pas non plus à la vengeance, car la mort de votre père n’est pas encore expiée et sa pauvre ombre demande justice. Mais qu’il vous tombe entre les mains une pauvre créature ni forte, ni adroite, mais qui voudrait être votre amie, elle sera écrasée.

Dick était trop furieux pour remarquer cet Elle.

— Par ma fois voici du nouveau ! Sur deux l’un est plus fort. Le plus fort renverse l’autre