Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/170

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mal étaient imprimés lisiblement sur le visage de l’autre. De plus, le vice, qui, je suis encore porté à le croire, est le côté léthifère de l’homme, avait laissé sur ce corps une empreinte de difformité et d’affaiblissement. Malgré tout, en regardant dans la glace ce vilain masque, je ne ressentais pas de répugnance, au contraire, je l’aimais. Cela aussi était moi. Cela avait un air humain et naturel. À mes yeux, c’était une image plus vivante et plus personnelle que le physique imparfait et divisé que, jusque-là, j’avais eu l’habitude d’appeler : moi. Et jusqu’à ce point j’avais sans doute raison. Je remarquai que quand je personnifiais Edward Hyde, personne ne pouvait m’approcher sans ressentir un malaise visible. La cause de cela, comme je le comprends, est que tous les êtres humains que nous rencontrons sont un mélange de bien et de mal, et qu’Edward Hyde, seul dans