Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/179

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mais dans la petite chambre dans Soho, où j’avais l’habitude de coucher sous la forme d’Edward Hyde. Je me souris à moi-même, et avec ma manie psychologique je me mis à chercher la cause de cette illusion, tout en retombant de temps en temps dans un agréable assoupissement. J’étais encore en train de débattre la question, quand, dans un intervalle de réveil complet, mes yeux tombèrent sur ma main. La main de Henry Jekyll (comme vous l’avez souvent remarqué) était professionnelle comme forme et comme grandeur ; elle était large, ferme, blanche et gracieuse. Mais la main que j’avais devant moi, étendue à moitié fermée sur les draps du lit, et que je voyais distinctement dans la lumière jaune d’un matin de Londres, était maigre, cordée, noueuse, d’une pâleur terne, et ombragée par une épaisse couche de poils noirs. Cette main était la main d’Edward Hyde.