Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/201

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tardai pas à être rongé et épuisé par la fièvre, affaibli au physique et au moral, et n’ayant plus qu’une pensée : l’horreur de mon autre moi-même ; quand je dormais, ou quand la vertu du médicament s’affaiblissait, j’entrais presque sans transition (car les douleurs de la transformation devenaient tous les jours moins fortes) en la possession d’une imagination débordant de terreur, d’une âme bouillant de haines sans cause, et d’un corps ne semblant pas assez fort pour contenir les énergies impétueuses de la vie. La puissance de Hyde semblait augmenter avec la disposition maladive de Jekyll. Et la haine qui les divisait était certainement égale de chaque côté. Chez Jekyll, c’était un instinct vital. Il avait vu pleinement la difformité de cette créature qui partageait avec lui quelques-uns des éléments de la vie, qui comme lui était cohéritier de la mort ; et au delà de ces liens