Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/53

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« Mon pauvre Utterson, » dit-il, « vous n’avez pas de chance d’avoir un tel client. Ce testament est pour vous une cause de tourments auxquels je ne vois de comparable que le supplice que j’ai infligé à ce pédant de Lanyon, avec mes soi-disant hérésies scientifiques. Oh ! je sais que c’est un bon garçon, — ne froncez point le sourcil, — un excellent garçon, — et je me promets toujours de le voir plus souvent ; mais cela ne l’empêche pas d’être un pédant, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez ; c’est un ignorant, c’est un pédant tapageur. Jamais aucun homme ne m’a autant désappointé que Lanyon. »

« Vous savez que je ne l’ai jamais approuvé, » dit Utterson, poursuivant son idée avec une persistance impitoyable.

« Mon testament ? oui, certainement, je le sais, » répondit le docteur un peu aigrement. « Vous me l’avez déjà dit. »