Page:Stevenson - Le Maître de Ballantrae, 1989.djvu/182

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est très honnêtement garnie. Il vous suffira de rester bien avec moi, ce qui n’est pas difficile, pour ne manquer ni de vin ni de chevaux de selle.

Il renvoya Macconochie sous un prétexte.

– Et de l’argent ? demanda-t-il. Dois-je aussi rester bien avec mon bon ami Mackellar pour avoir de l’argent de poche ? Voilà un plaisant retour aux principes de l’enfance.

– On n’a pas fixé d’allocation, dis-je. Mais je prendrai sur moi de veiller à ce que vous soyez modérément pourvu.

– Modérément, répéta-t-il. Et vous le prendrez sur vous ? – (Il se redressa, et considéra la sombre série des portraits suspendus autour de la salle). – Au nom de mes ancêtres, je vous remercie, dit-il ; et puis, avec un retour d’ironie : – Mais on a dû certainement fixer une allocation pour Secundra Dass ? Il n’est pas possible qu’ils aient oublié cela ?

– Je vais en prendre note, et demander des instructions quand j’écrirai, dis-je.

Mais lui, changeant soudain d’allures, se pencha vers moi, un coude sur la table.

– Croyez-vous ceci entièrement sage ?

– J’exécute mes ordres, Mr. Bally.

– Profondément modeste, dit le Maître ; mais peut-être pas aussi exact. Vous me racontiez hier que mon pouvoir était tombé avec le décès de mon père. D’où vient alors qu’un pair du royaume s’enfuit sous le couvert de la nuit, loin d’un château où ses aïeux ont soutenu plusieurs sièges ? qu’il cache son adresse, ce qui pourrait causer des ennuis à Sa Gracieuse Majesté et au pays tout entier ? et qu’il me laisse en possession et sous la garde paternelle de son inappréciable Mackellar. Je flaire là-dessous une crainte très considérable et très réelle.

Je cherchai à placer une dénégation peu convaincue ; mais il poursuivit sans m’écouter :

– Je la flaire, dis-je ; mais j’irai plus loin, je crois cette appréhension bien fondée. Je suis venu dans ce château avec une certaine répugnance. Considérant de