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XII

L’expédinion dans le désert (Suite)


Lorsqu’il fit ce récit devant Sir William Johnson et Mylord, Mountain avait, naturellement, supprimé les détails ci-dessus, et présentait l’expédition comme s’étant déroulée sans incident, jusqu’à la maladie du Maître. Mais la dernière partie fut évoquée avec force, tandis que le narrateur frémissait visiblement à rappeler ses souvenirs ; et grâce à notre situation, là, sur la limite même du Désert, grâce aux intérêts privés de chacun, il avait un auditoire tout disposé à partager ses émotions. Car le récit de Mountain non seulement changea la face du monde pour Mylord Durrisdeer, mais modifia positivement les projets de Sir William.

Ces projets, il me semble que je dois les exposer au lecteur. Des bruits d’une origine suspecte avaient couru dans Albany ; on parlait d’hostilités prêtes à éclater, et le diplomate indien s’était en conséquence hâtivement mis en marche à travers les solitudes, malgré l’approche de l’hiver, pour couper le mal dans sa racine. Or, ici, sur les frontières, il apprenait qu’il était venu trop tard ; et un choix difficile s’offrait à un homme (tout compte fait) guère plus hardi que prudent. Son attitude vis-à-vis des braves peinturlurés est comparable à celle de Mylord Président Culloden au milieu des chefs de nos Highlands, en 45 ; c’est-à-dire qu’il était à peu près, pour ces hommes, un simple porte-voix, et que les conseils de paix et de modération, s’ils devaient du tout prévaloir, ne le