Page:Stevenson - Le Maître de Ballantrae, 1989.djvu/42

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de passer la nuit sous la pluie, au flanc de la montagne. Il se trouva qu’un homme d’Appin, Alan Black Stewart[1] (ou quelque nom de ce genre, mais je l’ai revu depuis en France), suivait aussi notre chemin, et qu’il eut une pique avec mon compagnon. Des paroles fort inciviles furent échangées, et Stewart somma Ballantrae de mettre pied à terre et de lui rendre raison.

– Non, Mr. Stewart, dit le Maître, j’ai plutôt idée, pour l’heure, de faire la course avec vous.

Et il donna de l’éperon à son cheval.

Stewart courut derrière nous durant près d’un mille ; et – ce qui était un vrai enfantillage – je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’en me retournant pour la dernière fois je le vis dans une montée, qui se tenait le flanc et n’en pouvait plus de courir.

– Quand même, ne pus-je m’empêcher de dire à mon compagnon, je ne laisserais personne courir ainsi derrière moi, après de telles paroles, sans lui donner satisfaction. La plaisanterie est bonne, mais elle fleure un peu la couardise.

Il me regarda en fronçant le sourcil.

– J’ose pourtant bien, dit-il, me mettre sur le dos l’homme le plus impopulaire d’Écosse ; et le courage est suffisant.

– Oh ! parbleu, dis-je, je puis vous en faire voir un plus impopulaire encore, et à l’œil nu. Et si vous n’aimez pas ma société, vous pouvez vous mettre sur le dos quelqu’un d’autre.

– Colonel Burke, dit-il, pas de querelle entre nous et, à ce propos, je dois vous avertir que je suis l’homme du monde le moins patient.

– Je suis aussi peu patient que vous, dis-je, et peu m’importe qui l’entend.

– De ce pas, dit-il, en retenant son cheval, nous n’irons guère loin. Je propose que nous fassions sur-le--

  1. Note de Mr. Mackellar. — Ne s'agirait-il pas ici d'Alan Breck Stewart, connu par la suite comme le meurtrier d’Appin ? Le chevalier n'est pas très ferré sur les noms.