Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/108

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une preuve légale de la mort de son oncle, il n’était qu’un paria sans le sou : et, dès qu’il aurait produit cette preuve légale, le bénéfice de la tontine était, pour lui, irrémédiablement perdu ! Mais bah ! Maurice n’avait pas le droit d’hésiter ! Il devait laisser tomber la tontine comme un marron trop chaud, et concentrer toutes ses forces sur la maison de cuirs, ainsi que sur le reste de son petit, mais légitime, héritage ! Sa résolution fut prise en un instant. Mais, dès l’instant, suivant, soudain, se découvrit à lui l’étendue tout entière de sa calamité. Déclarer la mort de son oncle, il ne le pouvait pas ! Depuis que le cadavre s’était perdu, l’oncle Joseph était (au point de vue de la loi) devenu immortel.

Il n’y avait pas au monde une voiture assez grande pour contenir Maurice avec son désespoir. Le pauvre garçon fit arrêter le fiacre, descendit, paya, et se mit à marcher il ne savait où.

— Je commence à croire que je me suis embarqué dans cette affaire avec trop de précipitation ! se dit-il, avec un soupir funèbre. Je crains que l’affaire ne soit trop compliquée pour un homme de mes capacités intellectuelles !

Tout à coup, un des aphorismes de son oncle Joseph lui revint à l’esprit : « Si vous voulez penser clairement, couchez vos arguments par