Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

innocents du meurtre. Rien ne nous rattache à cet accident que la présence de… vous savez de quoi. Que nous parvenions à nous débarrasser de… de cela, et nous n’aurons plus aucune crainte à avoir. Eh bien ! je vais donc vous donner mon piano ! Demain, nous arrachons toutes les cordes, nous déposons… notre ami… à leur place, nous fermons l’instrument à clef, nous le mettons sur un chariot, et nous l’introduisons dans le salon d’un jeune monsieur que je connais de vue.

— Que vous connaissez de vue ?… répéta Pitman.

— Mais surtout, reprit Michel, dont je connais mieux l’appartement qu’il ne le connaît lui-même. Cet appartement a eu autrefois pour locataire un de mes amis — je l’appelle « mon ami » pour abréger, il est présentement au bagne. Je l’ai défendu, je lui ai sauvé la vie, et le pauvre diable, en récompense, m’a laissé tout ce qu’il avait, y compris les clefs de son appartement. C’est là que je me propose de transporter votre… mettons : votre Cléopâtre ! Comprenez-vous ?

— Tout cela me semble bien étrange ! murmura Pitman. Et qu’adviendra-t-il de ce pauvre monsieur que vous connaissez de vue ?

— Oh ! je fais cela pour son bien ! répondit gaiement Michel. Il a besoin d’une secousse pour lui donner de l’entrain !