Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/155

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— Je ne savais pas même qu’il y avait une charrette à commander ! gémit l’artiste. Mais, si vous voulez, je puis encore enlever mon déguisement !

— Vous auriez de la peine, en tous cas, à remettre votre barbe ! observa Michel. Non, voyez-vous, c’est une gaffe : une de ces gaffes qui font pendre les gens, mon pauvre Pitman ! Courez vite à l’agence de transports de King’s Road ! Vous direz qu’on vienne enlever le piano d’ici, qu’on le conduise à la Gare de Victoria et que, de là, on l’expédie par le chemin de fer à la gare de Gannon Street, où il devra être tenu à la disposition de monsieur… Que penseriez-vous de monsieur Victor Hugo ?

— N’est-ce pas un nom un peu bien voyant ? insinua Pitman.

— Voyant ? répliqua dédaigneusement Michel. C’est-à-dire qu’un tel nom suffirait pour nous faire pendre tous les deux ! « Brown », voilà qui est à la fois plus sûr et plus facile à prononcer ! N’oubliez pas de dire que ce piano doit être remis à M. Brown !

— Je voudrais, murmura Pitman, que, par pitié pour moi, vous ne fissiez pas autant d’allusions à la pendaison !

— Oh ! d’y faire allusion, ce n’est pas encore un grand mal, mon ami ! repartit Michel. Mais