Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/255

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De toutes les poches du camionneur endormi, il retira doucement ce qu’elles contenaient, c’est-à-dire, surtout, une somme de dix-sept shillings et huit pence. Après quoi, remontant sur le siège, il remit le cheval en marche. « Si seulement je savais un peu où je suis, ce serait une bien bonne farce ! se dit-il. D’ailleurs, voici un tournant ! »

Il le tourna, et se trouva sur la berge de la Tamise. À cent pas de lui, les lumières d’un yacht brillaient gaiement ; et tout près de lui, si près qu’il ne pouvait songer à n’en être pas vu, trois personnes, une dame et deux messieurs, allaient délibérément à sa rencontre. Le sergent hésita une seconde : puis, se fiant à l’obscurité, il s’avança. Alors un des deux hommes, qui était de l’apparence la plus imposante, s’avança au milieu du chemin et leva en l’air une grosse canne par manière de signal.

— Mon brave homme, cria-t-il, n’auriez-vous pas rencontré la voiture d’un camionneur ?

Le sergent Brand ne laissa pas d’accueillir cette question avec un certain embarras.

— La voiture d’un camionneur ? répéta-t-il d’une voix incertaine. Ma foi, non, monsieur !

— Ah ! fit l’imposant gentleman, en s’écartant pour laisser passer le sergent. La dame et le second des deux hommes se penchèrent en avant,