Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/296

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riez que tous ces trains immobiles sont bondés d’agents de police, n’attendant qu’un signal pour se jeter sur nous ! Ah ! c’est ce qu’on appelle la conscience, le remords, mon pauvre Pitman !

D’un pas qui n’avait rien de martial, les deux amis arrivèrent enfin sur le quai de départ des trains de banlieue. À l’extrémité opposée, ils découvrirent la maigre figure d’un homme, appuyé contre un pilier. L’homme était évidemment plongé dans une profonde réflexion. Il avait les yeux baissés, et ne semblait pas s’apercevoir de ce qui se passait autour de lui.

— Holà ! dit tout bas Michel. Serait-ce là l’auteur de votre annonce ? En ce cas, j’aurais à vous fausser compagnie !

Puis, après une seconde d’hésitation :

— Ma foi, reprit-il plus gaiement, tant pis, je vais risquer la farce ! Vite, retournez-vous, et passez-moi les lunettes !

— Mais vous m’avez bien dit que vous me les laisseriez, aujourd’hui ! protesta Pitman.

— Oui, mais cet homme me connaît ! dit Michel.

— Vraiment ? Et comment s’appelle-t-il ? s’écria Pitman.

— La discrétion m’oblige à me taire là-dessus ! répondit l’avoué. Mais il y a une chose que je puis vous dire : si c’est lui qui est l’auteur de