Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

non grillé ! Mettez-vous au lit tous les soirs, à dix heures trois quarts, et (s’il vous plaît) habillez-vous de flanelle hygiénique du haut en bas ! À l’extérieur, la fourrure de martre me paraît indiquée ! N’oubliez pas non plus de vous procurer une paire de bottines de la maison Dall et Crumbie ! » Et puis, très probablement, après que vous aviez déjà payé votre visite, sir Faraday vous aura rappelée, sur le seuil de son cabinet, pour ajouter, d’un ton particulièrement catégorique : « Encore une précaution indispensable : si vous voulez rester en vie, évitez l’esturgeon bouilli ! »

L’infortuné Joseph était soumis avec une rigueur effroyable au régime de sir Faraday Bond. Il avait à ses pieds les bottines de santé ; son pantalon et son veston étaient de véritable drap à ventilation ; sa chemise était de flanelle hygiénique (d’une qualité quelque peu au rabais, pour dire vrai), et il se trouvait drapé jusqu’aux genoux dans l’inévitable pelisse en fourrure de martre. Les employés même de la gare de Bournemouth pouvaient reconnaître, dans ce vieux monsieur, une créature de sir Faraday, qui, du reste, envoyait tous ses patients vers cette villégiature. Il n’y avait, dans la personne de l’oncle Joseph, qu’un seul indice d’un goût individuel : à savoir, une casquette de touriste, avec une