Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/311

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il devant lui qu’un unique objet : rentrer chez lui ! De même que le chien malade se terre sur le sofa, Maurice n’aspirait plus qu’à refermer sur lui la porte de la maison de John Street ; la solitude et le calme, ah ! de toute son âme il y aspirait.

Les ombres du soir commençaient à tomber quand il arriva enfin en vue de ce lieu de refuge. Et la première chose qui s’offrit à ses yeux, en approchant, fut la longue figure d’un homme debout sur le perron de sa maison, et occupé tantôt à tirer le cordon de la sonnette, tantôt à lancer dans la porte de vigoureux coups de pieds. Cet homme, avec son vêtement déchiré et tout couvert de boue, avait l’air d’un hideux chiffonnier. Mais Maurice le reconnut aussitôt : c’était son frère Jean.

Le premier mouvement du frère aîné fut, naturellement, pour se retourner et prendre la fuite. Mais le désespoir l’avait anéanti au point de le rendre indifférent désormais aux pires catastrophes. « Bah ! se dit-il, qu’importe ! » Et, tirant de sa poche son trousseau de clefs, il gravit silencieusement les marches du perron.

Jean se retourna. Son visage de fantôme portait un extraordinaire mélange de fatigue, de honte, et de fureur. Et, lorsqu’il reconnut le chef de sa