Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/314

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heure, et si tu ne m’apportes pas un dîner de premier choix, je démolis tous les meubles, et puis je vais droit à la police et je raconte toute l’histoire ! Comprends-tu ce que je te dis, Maurice Finsbury ? Parce que, si tu le comprends, tu ferais mieux de filer !

L’idée souriait même au malheureux Maurice qui tremblait de faim. Aussi se hâta-t-il d’aller commander le dîner et de revenir chez lui, où il trouva Jean toujours occupé à bercer son pied comme un poupon malade.

— Et qu’est-ce que tu veux boire, Jeannot ? demanda Maurice, de sa voix la plus caressante.

— Du champagne, parbleu ! de ce vieux champagne dont Michel me parle toujours quand je le rencontre ! Allons, vite à la cave, et prends garde à ne pas trop secouer la bouteille ! Mais d’abord, écoute un peu ! Tu vas me préparer du feu, et m’allumer le gaz, et me fermer les volets ! Voici la nuit venue et j’ai froid ! Et puis tu mettras la nappe et le couvert ! Et puis… dis donc ! va donc me chercher des vêtements de rechange !

La salle à manger avait pris une apparence relativement habituelle lorsqu’arriva le dîner. Et ce dîner lui-même fut excellent : une forte soupe, des filets de sole, deux côtelettes de mouton avec une sauce aux tomates, un rôti de bœuf garni de