Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/317

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l’alcoolisme, et, là-dessus, il m’a tourné le dos ! C’est tout ce que j’ai eu de lui. J’ai demandé l’aumône à une vieille dame qui vendait du pain d’épices ; elle m’a donné un gâteau d’un sou. Mais le plus beau a été un monsieur qui, comme je me plaignais de manquer de pain, m’a répondu qu’il y avait, pour tout Anglais, un excellent moyen de se procurer du pain, et ce moyen, c’était de casser un carreau à la première maison venue, de façon à se faire mettre en prison… Et maintenant, apporte le rôti !

— Mais… mais, hasarda Maurice, pourquoi n’es-tu pas resté à Browndean ?

— À Browndean ? s’écria Jean. Et de quoi y aurais-je vécu ? Du Lisez-moi ! et d’un dégoûtant canard de l’Armée du Salut ? Non, non, il fallait à tout prix que je filasse de Browndean ! J’avais pris pension, à crédit, dans une auberge, où je m’étais fais passer pour le Grand Vance, de l’Alhambra. Tu aurais fait la même chose, à ma place ! Mais voilà qu’on s’est mis à parler des music-halls, et de tout l’argent que j’y avais gagné avec mes chansons ! Et puis, voilà qu’un client de l’auberge m’a demandé de chanter Autour de tes formes splendides. Et puis, quand je me suis décidé à le chanter, voilà que tout le monde a été d’accord pour affirmer que je n’étais pas le Grand Vance !