Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/34

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régler tout cela quand nous serons à Londres !

Joseph, en réponse, ne l’honora pas même d’un regard. De ses mains tremblantes, il ouvrit un numéro du Mécanicien anglais, et, avec ostentation, se plongea dans l’étude de ce périodique.

— Je me demande ce qui a pu le rendre tout à coup si rebelle ? songeait son neveu. Voilà, en tout cas, un incident qui ne me plaît guère !

Et il se grattait le nez, signe habituel d’une lutte intérieure. Cependant, le train poursuivait sa route à travers le monde, emportant avec lui sa charge ordinaire d’humanité, parmi laquelle le vieux Joseph, qui faisait semblant d’être plongé dans son journal, et Jean, qui sommeillait sur les anecdotes soi-disant comiques du Lisez-moi ! et Maurice, qui roulait dans sa tête tout un monde de ressentiments, de soupçons, et d’alarmes. C’est ainsi que le train dépassa la plage de Christ-Church, Herne avec ses bois de sapins, Rings-wood, d’autres stations encore. Avec un petit retard, mais qui n’avait lui-même rien que de normal, il arriva à une station au milieu de la Forêt-Neuve, — une station que je vais déguiser sous le pseudonyme de Browndean, pour le cas où la Compagnie du South-Western s’aviserait de prendre ombrage de mes révélations.

De nombreux voyageurs mirent le nez à la fenê-