Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/67

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vieil ami à moi, voyez-vous ? et qui m’a rendu un grand service l’année passée. Et je me demande, à présent, si je dois, en conscience, encombrer un aussi brave homme d’un client tel que vous, qui risque de l’assommer avec ses explications. Oui, je me demande si ce serait bien de ma part ? — ajouta M. Chandler, avec tout le ton d’un homme que tourmente un grave scrupule de conscience.

— Écoutez ce que je vais vous dire, mon ami ! fit le vieillard. Vous avez eu l’obligeance de me prendre gratuitement dans votre voiture ; mais cela ne vous donne pas le droit de me parler sur ce ton ! Tenez, voici un shilling pour votre peine ! Et puis, si vous ne voulez pas me conduire aux Armes de Trégonwell, j’irai à pied jusque-là, voilà, tout !

La vigueur de cette apostrophe intimida M. Chandler. Il murmura quelque chose qui ressemblait à une excuse, retourna le shilling entre ses doigts, engagea sa voiture, en silence, dans une ruelle tournante, puis dans d’autres, et s’arrêta enfin devant les fenêtres vivement éclairées d’une auberge. De son siège, il appela : Watts !

— C’est vous, Jem ? cria une voix amicale, du fond de l’écurie. Entrez, mon vieux, et venez vous chauffer !

— Oh ! merci ! répondit le camionneur. Je