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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

vous appelleriez cela du courage domestique, je suppose !

— Sans aucun doute, Madame, dit le baron avec fermeté, si je les récurais comme il faut. Je donnerais un beau nom à une vertu, et ce ne serait pas de trop : les vertus ne sont pas si charmantes en elles-mêmes.

— Bien, mais voyons ! dit-elle. Je voudrais comprendre votre courage. Ne nous a-t-il pas fallu demander permission, comme des enfants ? Notre grand’maman à Berlin, notre oncle à Vienne, toute la famille nous a pincé la joue et nous a dit d’y aller. Du courage ! Vraiment, à vous entendre, je m’étonne.

— On m’a changé ma princesse, répondit le baron. Elle oublie où se cache le danger. Il est vrai que, de tous côtés, on nous encourage ; mais ma princesse ne sait que trop sous quelles conditions inacceptables. Et, de plus, elle sait comment, à la Diète, quand les choses se discutent en public, toutes nos conférences à voix basse se trouvent oubliées ou démenties. Le danger est réel. (En son for intérieur le baron enrageait de se voir maintenant forcé de souffler sur le tison qu’un instant auparavant il avait lui-même éteint.) Il n’en est pas moins réel pour n’être pas précisément militaire ; mais pour cette raison même il ne nous en est que plus facile d’y faire face. Si nous devions compter sur vos troupes, bien que je partage la confiance de Votre Altesse en la conduite d’Alvenau, il ne faudrait pas oublier qu’il n’a pas encore fait ses preuves comme généralissime. Mais pour ce qui regarde les négocia-