CHAPITRE VI
LE PRINCE FAIT UNE CONFÉRENCE SUR LE MARIAGE, AVEC COMMENTAIRES PRATIQUES SUR LE DIVORCE
Avec quelle armée d’excellentes intentions Othon entra-t-il dans le cabinet de sa femme ! Qu’elles étaient paternelles, tendres, morales, touchantes, les paroles qu’il avait préparées ! De son côté Séraphine n’était pas d’humeur trop revêche. Sa crainte habituelle de voir arriver son mari en fâcheux au milieu de ses grands desseins disparaissait sous la méfiance momentanée qu’elle ressentait au sujet de ces desseins mêmes. Du reste, elle avait conçu une véritable horreur pour Gondremark. Au fond elle n’aimait pas le baron. Sous sa servilité effrontée, sous le dévouement sur lequel, avec une délicatesse si indélicate, il persistait à attirer son attention, elle devinait toute la grossièreté de son naturel. Tel peut être fier d’avoir dompté un ours, et demeurer néanmoins écœuré par l’odeur de son captif. Par-dessus tout, elle gardait quelque soupçon jaloux que cet homme était faux, et que sa fausseté était en partie double. Elle se faisait, à la vérité, un jouet