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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

en cage, il marchait de long en large dans l’appartement. Othon pouvait être dangereux, par éclairs. Tel qu’un pistolet, à un moment donné, il pouvait tuer, et être, l’instant d’après, jeté de côté.

Mais en ce moment, marchant à grands pas dans l’appartement, passant d’une humeur à l’autre, déchirant son mouchoir entre ses doigts, il se trouvait accordé au plus haut diapason : ses nerfs étaient tendus à se rompre. Le pistolet, pour ainsi, dire, était chargé. Et quand, de temps en temps, la jalousie le cinglait au plus sensible de ses sentiments, évoquant devant l’œil de son âme la série de ses tableaux de feu, la contraction de ses traits devenait même effrayante. Il se refusait à croire aux inventions de la jalousie, mais elles lui cuisaient néanmoins. Au plus haut de sa fureur, il gardait toujours sa foi en l’innocence de Séraphine, mais la simple possibilité d’une faute chez elle était ce que sa coupe d’amertume contenait de plus amer.

On frappa à la porte, et le chambellan lui présenta un billet. Othon le prit et le froissa dans sa main, poursuivant sa marche, poursuivant ses pensées égarées, et quelques minutes se passèrent avant que la circonstance se présentât nettement à son esprit. Alors il s’arrêta, et ouvrit le pli. C’était un griffonnage au crayon, venant de Gotthold, et ainsi conçu :


« Le Conseil est convoqué immédiatement, en secret.

» G. de H. »