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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/145

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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

de l’huile sur les vagues : à l’instant chacun se remit en place, et Greisengesang, pour se donner une contenance, s’absorba dans l’arrangement de ses papiers. Mais, dans leur extrême désir de dissimuler, tous, jusqu’au dernier, oublièrent de se lever.

— Messieurs !… dit le prince.

En un clin d’œil ils furent tous sur pied, et cette leçon acheva de démoraliser les plus faibles de la confraternité.

Le prince s’avança lentement vers l’extrémité inférieure de la table. Là il s’arrêta de nouveau, et fixant son regard sur Greisengesang : — Comment se fait-il, monsieur le Chancelier, demanda-t-il, que l’on ne m’ait point averti de ce changement d’heure ?

— Votre Altesse, répliqua le Chancelier, Son Altesse la Princesse… Et il en resta là.

— J’avais compris, dit Séraphine, prenant sur elle de répondre, que vous n’aviez pas l’intention d’être présent.

Leurs yeux se rencontrèrent pour une seconde, et Séraphine baissa les siens ; mais cette honte cachée ne fit qu’attiser sa colère.

— Maintenant, Messieurs, dit Othon, prenant sa place, asseyez-vous, je vous prie ! J’ai été absent, il doit y avoir des arriérés ; mais, avant de procéder aux affaires, monsieur Grafinski, vous donnerez l’ordre qu’on m’envoie quatre mille écus immédiatement. Prenez note de cet ordre, s’il vous plaît, ajouta-t-il, voyant que le trésorier demeurait tout ébahi.

— Quatre mille écus, demanda Séraphine, et pour quoi faire, je vous prie ?