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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/165

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CHAPITRE IX

LE PRIX DE LA FERME DE LA RIVIÈRE
OU
LA GLORIOLE EST SUIVIE DE DÉBOIRE


Le coup de feu, pour ainsi dire, était tiré. Dans les circonstances ordinaires, la scène à la table du Conseil eût épuisé Othon tant en vigueur qu’en colère : il eût commencé à examiner et à condamner sa propre conduite, il se fût rappelé tout ce qu’il y avait de vrai dans le réquisitoire de Séraphine, et eût oublié tout ce qu’il contenait d’injustice. Une demi-heure après il serait tombé dans la condition mentale dans laquelle le catholique court au confessionnal, et l’ivrogne cherche refuge dans la bouteille. Deux questions de détail maintinrent néanmoins son énergie. D’abord il avait encore une infinité d’affaires à régler ; et régler des affaires, pour un homme comme Othon, négligent et temporisateur par habitude, c’est un des meilleurs anesthésiques pour la conscience. Toute l’après-midi il travailla donc avec le chancelier, lisant, dictant, signant, dépêchant ses papiers. Tout cela le conserva rayonnant d’estime de soi. Mais, de plus, sa vanité était en émoi : il n’avait pas