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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/173

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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

en avait ressenti un choc. Mais, l’instant d’après, il avait déjà chassé la crainte.

Othon et la comtesse quittèrent tous deux le salon de bonne heure. Le prince, après une feinte consciencieuse, renvoya son valet de chambre, et sortit par le corridor privé et la petite poterne, en quête de son palefrenier.

Cette fois-ci encore l’écurie était plongée dans l’obscurité ; encore une fois Othon frappa son coup magique ; de nouveau le palefrenier apparut, et de nouveau faillit se pâmer de terreur.

— Bonsoir, l’ami, dit Othon gaiement. Apportez-moi, s’il vous plaît, un sac à avoine… vide cette fois, et venez avec moi ! Nous resterons dehors toute la nuit.

— Votre Altesse, gémit l’homme, j’ai la charge des petites écuries, et je suis seul…

— Bah ! dit le prince, vous n’êtes pourtant pas toujours si rigide en matière de devoir ? — Puis, voyant qu’il tremblait des pieds à la tête, Othon lui posa la main sur l’épaule. — Si je vous voulais du mal, dit-il, serais-je ici ?

L’homme se rassura sur-le-champ. Il alla chercher le sac, et Othon le conduisit par divers sentiers et avenues, causant d’un air affable, et le laissa planté enfin auprès de certaine fontaine où un triton aux yeux protubérants vomissait par jets de l’eau dans l’écume tremblotante.

De là, il se dirigea seul vers un rond-point au milieu duquel, à la lueur des étoiles, se dressait sur la pointe du pied une copie du Mercure volant de Jean de Bologne. La nuit était chaude et sans brise. Une petite tranche de lune venait de