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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/198

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Je vous le jure, fit-il.

— Ah ! que vous font les serments, à vous… ou à moi ? Par quoi jureriez-vous ? Par le vin, l’amour et les chansons ? Tout cela n’est guère commissoire, dit-elle. Elle se rapprocha tout près de lui, et, lui posant la main sur le bras : — Quant à l’ordre, non, Henri, jamais ! Jamais je ne croirai cela. Je mourrai sans y croire. Vous avez quelque idée secrète. Qu’est-ce ? Je ne puis deviner ; mais il n’y a pas là un mot de vrai.

— Voulez-vous que je vous le montre ? demanda-t-il.

— Bah ! Vous, ne sauriez. Cela n’existe pas, répliqua-t-elle.

— Saducéenne incorrigible ! s’écria-t-il. C’est bon, je vais vous convertir. Vous verrez cet ordre. Il se dirigea vers la chaise sur laquelle il avait jeté son habit, et tirant un papier de la poche, il le lui présenta. — Lisez ! dit-il.

Elle s’en saisit avidement ; et, en lisant, ses yeux jetèrent un éclair.

— Eh ! s’écria le baron, voilà une dynastie qui tombe, et c’est moi qui l’ai renversée. Vous et moi, nous héritons. Il sembla grandir. Un moment plus tard, il lui tendit la main en riant. — Donnez-moi le poignard ! dit-il.

Mais elle mit prestement le papier derrière elle, se retourna vers lui, et le regarda bien en face, les sourcils froncés : — Non, dit-elle. Vous et moi nous avons d’abord un compte à régler. Me croyez-vous aveugle ? Jamais elle n’aurait donné ce papier qu’à un seul homme… et cet homme est son amant ! Vous voilà donc son amant, son complice,