gnement, puis s’évanouirent dans le silence. Le prince était enlevé.
Madame de Rosen regarda sa montre. Il y avait encore le temps, pensa-t-elle, pour la bonne bouche de la soirée, et elle se hâta de retourner au palais : la crainte de voir arriver Gondremark lui prêta des ailes. Elle fit passer son nom, avec une pressante requête, pour obtenir une audience de la princesse Séraphine. Comme comtesse de Rosen sans autre qualification, elle était sûre de se voir refusée ; mais comme émissaire du baron, car ce fut pour telle qu’elle se donna, elle obtint l’entrée immédiatement.
La princesse était attablée, seule, feignant de dîner. Ses joues étaient plaquées de rouge, et elle avait les yeux battus ; elle n’avait ni mangé ni dormi ; sa toilette même était négligée. Bref, elle était mal en point, tourmentée, et se sentait mal à l’aise au physique comme au moral. La comtesse fit une comparaison rapide, et sa propre beauté n’en brilla que plus vivement.
— Vous venez, Madame, de la part de M. de Gondremark, dit la princesse d’une voix traînante. Asseyez-vous. Qu’avez-vous à me dire ?
— À vous dire ? répéta madame de Rosen. Oh ! bien des choses !… Bien des choses que je préférerais ne pas dire, et bien des choses aussi que je voudrais dire mais qu’il me faut taire. Car je suis comme saint Paul, Altesse, et je désire toujours faire ce qui m’est interdit. Enfin, pour parler catégoriquement… c’est bien le mot ? j’ai été porter votre ordre au prince. Il n’en pouvait croire ses yeux. « Ah ! s’est-il écrié, chère madame de Rosen,