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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Bon, bon, c’est égal. Si un autre osait dire tout cela devant toi, tu l’éventrerais sur place — ça tu le sais.

— Et toi tu ne penses qu’à lui, c’est une vraie toquade. — Tiens, que disais-je ? Regarde là-bas. Voilà ton prince qui détale !

En effet, environ un mille plus bas sur la côte, un cavalier monté sur un cheval blanc, passait comme le vent sur la bruyère d’une éclaircie, pour disparaître presque aussitôt de l’autre côté, derrière un rideau d’arbres.

— Avant dix minutes il aura franchi la frontière, et sera en Gérolstein. Allons, dit Kuno, il n’y a rien à faire !

— S’il m’abîme cette jument, jamais je ne lui pardonnerai ! ajouta l’autre en reprenant ses rênes.

Comme ils tournaient bride pour rejoindre leurs compagnons, le soleil plongea et disparut ; et à l’instant même les teintes ternes et graves de la nuit tombante s’abattirent sur la forêt.