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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/240

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

subitement arrêtée ; et ses traits, délivrés pour le moment, à la fois de colère et de toute dissimulation, révélaient un modèle si pur ! Mais chez Séraphine il n’en fut pas ainsi. Sa victime, étendue à terre et frémissant de temps en temps, sa large poitrine découverte, la fransfixait par sa laideur : et pendant l’espace d’un éclair son âme s’envola vers Othon.

Dans le palais commençaient déjà à s’entendre des rumeurs, des pas courant çà et là, des voix élevées ; les échos du grand escalier cintré répondaient à une clameur, confuse. Bientôt le parquet de la galerie cria sous une marche lourde et précipitée : c’était le chancelier qui revenait, suivi de quatre, des valets d’Othon portant une litière. Ces gens, quand ils furent introduits dans le cabinet, regardèrent avec stupeur la princesse échevelée, et le blessé étendu à terre. Toute parole leur était interdite, mais leurs pensées se criblaient de réflexions irrespectueuses. On emballa Gondremark, on tira les rideaux de la litière que les valets remportèrent, et le chancelier, tout pâle, suivit le cortège.

Séraphine courut à la fenêtre. En pressant le front contre la vitre, elle pouvait voir la terrasse où les lumières rivalisaient entre elles, et, plus loin, l’avenue de lampes qui réunissait le palais à la ville, enfin au-dessus de tout, la nuit creuse et les plus grandes étoiles. Au bout d’un instant, la petite procession sortit du palais, et s’engagea dans l’allée scintillante : la couche balancée entre ces quatre porteurs, le pensif chancelier toujours en arrière-garde. Pleine de pensées étranges, elle les