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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

vergogne ; pour sauver ma femme je ferai tout ce qu’il pourra réclamer ou imaginer… Il sera satisfait au gré de son appétit. Fût-il énorme, comme le Léviathan, rapace comme la tombe, je le contenterai. Et vous, la fée de notre pièce, vous en aurez tout l’honneur.

— Accepté ! s’écria-t-elle. Admirable ! Dorénavant-plus de Prince Charmant, mais bien Prince Sorcier, Prince Solon. Partons de suite. Mais… ajouta-t-elle en se reprenant, une minute ! Laissez-moi, cher prince, vous rendre ces titres ! Ce fut vous qui eûtes cette fantaisie pour la ferme, moi je ne l’ai jamais vue. Ce fut votre désir de rendre service à ces paysans… Et puis, poursuivit-elle avec un changement de ton comique, je préférerais de l’argent comptant.

Ils se mirent tous deux à rire. — Me voici donc de nouveau fermier, dit Othon en prenant les papiers, et écrasé de dettes !

La comtesse toucha un timbre, et le gouverneur reparut.

— Monsieur le Gouverneur, dit-elle, je vais m’enfuir avec Son Altesse. Le résultat de notre entrevue est que nous nous entendons en tous points, et que le coup d’État est fini. Voici l’ordre.

Le colonel Gordon ajusta ses besicles d’argent sur son nez. — Oui, dit-il, la princesse, c’est fort bien. Mais le mandat, madame, était contresigné.

— Par Henri, dit la Rosen. C’est vrai, et je suis ici pour le représenter.

— Eh bien, Altesse, reprit l’officier de fortune,