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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

affirmer cela moi-même, mais vous ne sauriez vraiment me faire un cadeau mieux choisi !

Dieux de l’immense plaine et des vastes forêts…

Excellent, dit-il. Parfait !

……Et du geôlier lui-même apprendre des leçons.

— Par dieu, voilà qui est fort civil !

— Allons, allons, ! monsieur le, Gouverneur, vous pourrez lire ces vers quand nous serons partis. Ouvrez vos grilles rancunières ! s’écria la comtesse.

— Mille pardons ! dit le colonel. Mais ces vers, voyez-vous, pour un homme de mon caractère, un homme de mes goûts… Et cette allusion si courtoise, cela me touche singulièrement, je vous assure. Puis-je vous offrir une escorte ?

— Non, non, répondit la comtesse, nous nous en allons incognito, tout comme nous sommes venus. Nous partirons ensemble, à cheval ; le prince prendra la monture du domestique. Vitesse et secret, c’est là tout ce que nous désirons, monsieur le colonel. Et elle prit les devants avec impatience.

Mais Othon avait encore à faire ses adieux au docteur Gotthold. Et le gouverneur, qui les suivait tenant ses lunettes d’une main et de l’autre son bout de papier, avait encore à faire part de son trésor poétique, morceau par morceau, à chaque personne qu’il rencontrait au fur et à mesure qu’il réussissait à déchiffrer le manuscrit. Et toujours son enthousiasme allait croissant. — Ma parole ! s’écria-t-il enfin avec tout l’air d’un homme