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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Je vous demande mille pardons, s’écria le fermier, rappelé à ses devoirs d’hospitalité ; puis-je vous offrir quelque chose ?

— Je vous remercie. Je suis très fatigué, répondit Othon ; j’ai trop compté sur mes forces. Si vous aviez la bonté de me faire montrer ma chambre, je vous en serais reconnaissant.

— Ottilie, dit le vieillard, vite, une lumière ! De fait, Monsieur, vous semblez un peu pâlot. Une goutte de cordial ? Non ?… Alors suivez-moi, je vous en prie ; je vais vous conduire à la chambre des hôtes. Et, tout en montant l’escalier devant le prince, le bon vieux poursuivit : — Vous ne serez pas le premier, de beaucoup, qui aura fait bon somme sous mon toit. Un bon souper, un coup de vin honnête, une conscience à l’aise et un bout de jaserie tranquille avant de s’aller coucher, valent mieux pour le sommeil que tous les laits de poule, toutes les drogues du monde. Il ouvrit une porte : — Voici, Monsieur. Vous êtes au port. C’est petit, mais c’est frais. Les draps sont blancs et sentent la lavande. La fenêtre donne sur la rivière ; et à mon sens, il n’y a pas de musique comme celle d’une petite rivière. Cela vous chante toujours le même air, mais c’est le bon et vous ne vous en fatiguez jamais, ce qu’on ne saurait dire de vos joueurs de violons. Cela vous met l’âme au grand air ; et, bien qu’une bonne maison ne soit pas à mépriser, quelle maison peut être aussi belle que la campagne du bon Dieu ? Et par-dessus tout, Monsieur, cela vous fait rentrer le calme dans le cœur tout comme de dire vos prières. Sur ce, Monsieur, je prends congé de