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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/43

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PRINCE ERRANT

Quant à redouter ma vengeance, vos parents sont en toute sûreté en Gérolstein ; même sur mon propre territoire, vous devez bien le savoir, je n’ai aucune puissance.

— Oh ! Monseigneur, dit-elle, avec une révérence, on ne peut pas dire cela : les piqueurs se feraient tuer pour vous.

— Heureux prince ! dit Othon. Mais, bien que vous soyez trop polie pour l’avouer, vous avez eu plus d’une occasion d’apprendre que je ne suis qu’une vaine parade. Pas plus tard qu’hier soir on nous l’a clairement affirmé. Voyez-vous cette ombre mobile sur ce rocher ? Le prince Othon, je le crains fort, n’est que l’ombre qui danse, et le rocher solide s’appelle Gondremark. Ah ! si vos parents s’étaient attaqués à Gondremark !… Mais, heureusement, le plus jeune est un de ses admirateurs. Et quant à cet excellent vieillard, Monsieur votre père, c’est un homme sage. Il parle admirablement, et je parierais gros que c’est, de plus, un honnête homme.

— Oh ! pour honnête, Votre Altesse, oui, il est honnête. Et Fritz ne l’est pas moins. Tout ce qu’ils en ont dit, ce n’était que jaseries et sornettes. Quand les gens de la campagne, voyez-vous, se mettent à caqueter, ce n’est que pour rire. Ils ne songent pas à ce qu’ils disent, c’est moi qui vous le certifie. À la ferme voisine, si vous y alliez, vous en entendriez autant sur le compte de mon père.

— Nenni, nenni ! interrompit Othon, vous allez trop vite : tout ce qui a été dit contre le prince…

— Oh ! c’était une honte ! s’écria la fille.