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LE ROMAN DU PRINCE OTHON


— Aujourd’hui peut-être, répondit le bibliothécaire ; mais puisque tu me le demandes sérieusement, je n’en répondrais pas demain. Elle est mal conseillée.

— Par qui ? Par ce Gondremark à qui tu me recommandes d’abandonner mon pays ! s’écria le prince. Admirable conseil ! la méthode même que j’ai suivie toutes ces années passées, pour en arriver où nous sommes ! Mal conseillée ? Oh ! si ce n’était que cela ! Voyons, inutile de tourner autour de la question : tu sais ce que la médisance ?…

Gotthold, les lèvres pincées, inclina la tête sans répondre.

— Eh bien, voyons, tu n’es pas déjà trop consolant au sujet de ma conduite comme prince ; ai-je même fait mon devoir comme époux ? demanda Othon.

— Tout beau, fit Gotthold avec chaleur et vivacité, ceci est une autre histoire. Je suis un vieux célibataire, un vieux moine. Je ne saurais te conseiller au sujet de ton mariage.

— Ce n’est pas de conseil qu’il s’agit, dit Othon en se levant. Il s’agit d’en finir. Et il se mit à marcher de long en large, les mains derrière le dos.

— Allons, dit Gotthold, après un long silence, que le ciel t’éclaire ! Moi, je ne le puis.

— À quoi tient tout ceci ? demanda le prince. Qu’en dois-je dire, est-ce manque de confiance, crainte du ridicule, vanité à l’envers ? Bah ! qu’importe le mot puisque j’en suis là ! Je n’ai jamais pu souffrir l’idée de me montrer affairé à propos de rien. Dès le commencement j’ai eu honte de ce