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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

silencieuse d’habitude, il jeta les bras en l’air comme s’il eût été frappé d’une balle, et poussa un cri aigu de vieille femme.

— Oh ! fit-il, se remettant, Votre Altesse ! Je vous demande mille pardons. Mais, Votre Altesse à pareille heure dans la bibliothèque ! Une circonstance si inusitée que la présence de Votre Altesse, c’était une chose qu’on ne pouvait… penser que je pusse prévoir…

— Il n’y a aucun mal de fait, monsieur le Chancelier, dit Othon.

— Je venais pour une affaire d’une minute : quelques papiers que j’ai laissés hier soir aux soins de monsieur le Docteur, dit le chancelier. Monsieur le Docteur, si vous voulez bien avoir la bonté de me les donner, je ne vous dérangerai plus.

Gotthold ouvrit un tiroir et remit un paquet de manuscrits aux mains du vieux monsieur qui se prépara, avec les saluts d’étiquette, à se retirer.

— Monsieur Greisengesang, dit Othon, puisque nous nous sommes rencontrés, causons.

— Les ordres de Votre Altesse m’honorent, répliqua le chancelier.

— Tout va tranquillement depuis mon départ ? demanda le prince en se rasseyant.

— Le cours ordinaire des affaires, Votre Altesse ; des détails méticuleux qui prendraient, à la vérité, une importance énorme si on les négligeait, mais qui ne sont que simples détails quand on s’en acquitte. Votre Altesse est obéie avec le zèle le plus complet.

— Obéie, monsieur le Chancelier ? répondit le