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CHAPITRE II

LA COUR DE GRUNEWALD. FRAGMENT DU MANUSCRIT DE L’ÉTRANGER


On se demandera sans doute (C’est ainsi que le voyageur anglais commençait son dix-neuvième chapitre) la raison qui m’a fait choisir Grunewald parmi tant d’États, tous également infimes, guindés, ennuyeux et corrompus. De fait, ce fut le hasard qui décida du choix, non pas moi ; mais je n’ai eu aucune raison de regretter ma visite. Le spectacle de cette petite société, se macérant dans ses propres abus, peut ne pas avoir été fort instructif, mais je l’ai trouvé divertissant au dernier point.

Le prince régnant, Othon Jean-Frédéric, un jeune homme d’une éducation imparfaite, d’une bravoure douteuse, sans la moindre étincelle de capacité, est tombé dans le mépris public le plus complet. Ce fut avec une certaine difficulté que je pus obtenir une audience, car il s’absente fréquemment d’une cour ou sa présence n’intéresse personne, et où son seul rôle est de servir de paravent aux amours de sa femme. À la fin, cepen-