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Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/138

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cette résistance prolongée l’énerva-t-il, ou bien peut-être était-il dans cette disposition d’esprit, où le seul fait de poursuivre le même dessein pendant un certain nombre de minutes amène une réaction et un projet différent ; ce qui est certain, c’est que pour la troisième fois il fit volte-face et ne s’arrêta que lorsqu’il eut trouvé une place où il pût se dissimuler, à quelques pas de celle du rendez-vous convenu.

Là, il passa par une véritable agonie d’esprit, pendant laquelle, à plusieurs reprises, il pria Dieu de lui venir en aide, car Silas avait été dévotement élevé. À ce point de sa bonne fortune, il n’avait plus le moindre désir de rencontrer la dame ; rien ne l’eût empêché de fuir, n’eût été la sotte crainte d’être jugé poltron ; mais cette crainte était si puissante, qu’elle l’emporta sur toutes les autres considérations ; quoiqu’elle ne pût le décider à avancer, elle l’empêcha du moins de se sauver définitivement. À la fin, l’horloge indiqua que l’heure était dépassée de dix minutes.

Le jeune Scuddamore, reprenant ses esprits, regarda furtivement de son coin, et ne vit personne à l’endroit désigné. Sans doute, sa correspondante inconnue s’était lassée et avait dû partir.