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Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/206

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— Allons ! s’écria l’autre avec vivacité ; en champ loyal, qui sait comment les choses peuvent tourner ? J’ajouterai que j’estime que Votre Altesse agit bien ; si le pire doit m’arriver, je mourrai du moins de la main du plus galant homme de l’Europe. »

Le président, lâché par ceux qui le retenaient, s’avança vers la table et, avec un soin minutieux, se mit en mesure de choisir une épée. Il était fort excité et semblait ne douter nullement qu’il sortirait victorieux de la lutte. Devant une confiance si absolue, les spectateurs alarmés conjurèrent le prince Florizel de renoncer à son projet.

« Bah ! ce n’est qu’un jeu, répondit-il, et je crois pouvoir vous promettre, Messieurs, qu’il ne durera pas longtemps. »

Le colonel essaya d’intervenir.

« Geraldine, lui dit le prince, m’avez-vous vu jamais faillir à une dette d’honneur ? Je vous dois la mort de cet homme, et vous l’aurez. »

Enfin le président s’était décidé à choisir sa rapière ; par un geste qui ne manquait pas d’une certaine noblesse brutale, il se déclara prêt. Même à cet odieux scélérat, l’approche du péril et un réel courage prêtaient je ne sais quelle grandeur.

Le prince prit au hasard une épée.