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vous irez en cab ; je ne puis admettre que mon secrétaire intime s’expose à prendre des taches de rousseur. »

Elle dit ces derniers mots avec emphase et un regard d’orgueil à demi-maternel qui fit éprouver une véritable jouissance au pauvre Harry ; il se déclara donc charmé de pouvoir lui être utile.

« C’est encore un de nos grands secrets, reprit-elle finement, et personne n’en doit rien savoir, sauf mon secrétaire et moi. Sir Thomas ferait un esclandre des plus fâcheux ; et si vous saviez combien je suis fatiguée de toutes ces scènes ! Oh ! Harry ! Harry ! Pouvez-vous m’expliquer ce qui vous rend, vous autres hommes, si violents et si injustes ? Non, n’est-ce pas ? Vous êtes le seul de votre sexe qui n’entende rien à ces grossièretés ; vous êtes si bon, Harry, et si obligeant ! Vous, au moins, vous savez être l’ami d’une femme. Et je crois que vous rendez les autres encore plus repoussants, par comparaison.

— C’est vous, dit Harry avec une suave galanterie, qui êtes la bonté même… Mon cœur en est tout éperdu. Vous me traitez comme…

— Comme une mère, interrompit Lady Vandeleur. Je tâche d’être une mère pour vous. Ou