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Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/297

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reusement plus d’un homme à cheveux blancs était en vue, et, bien qu’il se mît en devoir de les rattraper tous les uns après les autres, pas un n’avait le coup de sabre. Pendant près d’une demi-heure il explora les rues du voisinage, jusqu’à ce que, reconnaissant la folie de cette recherche, il pensa qu’une promenade serait le moyen le meilleur pour calmer son émotion ; car le brave garçon avait été profondément troublé par cette quasi-rencontre avec celui qui était, il n’en pouvait douter, l’auteur de ses jours.

Le hasard le conduisit par la rue Drouot et la rue des Martyrs jusqu’au boulevard extérieur, et ce hasard-là le servit mieux que tous les calculs ; bientôt, en effet, il aperçut deux hommes qui, assis sur un banc, semblaient absorbés dans un dialogue des plus animés. L’un était jeune, brun, de belle apparence et portait, malgré son habit séculier, le sceau indélébile de l’ecclésiastique ; l’autre répondait en tous points à la description donnée par l’employé du théâtre. Francis sentit son cœur battre à se rompre dans sa poitrine : il allait entendre la voix de son père ! Faisant un détour, il vint sans bruit s’asseoir derrière le couple en question, qui, tout entier à ses affaires, ne prit pas garde à lui. La conversation avait lieu en anglais.