Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/107

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et Candlish, qui tous deux s’étaient obstinément refusés à dénoncer leur complice,

Ainsi ces deux hommes avaient été, jusqu’au bout, d’une loyauté parfaite à mon endroit ! J’en fus très touché, et tout de suite je me dis que j’aurais, pour ma part, à faire preuve envers eux de la même loyauté. Pour peu que ma visite à mon oncle me réussît, je résolus de revenir aussitôt à Édimbourg, pour confier l’affaire de mes deux amis aux mains d’un bon avocat et pour leur faire parvenir, à tout le moins, une forte somme en dédommagement. Je pris cette résolution sur-le-champ, et je ne puis dire combien j’en fus ravi, malgré tout ce qu’elle avait d’imprudent et de dangereux. Je dois ajouter seulement que, peut-être, Candlish et Sim n’étaient qu’un prétexte dont je me justifiais à moi-même ma résolution. Je me proposais de retourner à Édimbourg pour leur venir en aide ; mais, sans doute, c’était sur un autre objet que se trouvaient fixés mon cœur et mes yeux. Un vent est toujours bien venu qui souffle du côté où l’on désire aller ; et vous pouvez être assurés qu’il n’y avait pour moi rien de déplaisant dans une circonstance qui devait me ramener vers Édimbourg, c’est-à-dire vers Flora. Dès cet instant, je commençai à me complaire dans la méditation de mille scènes fictives, où je confondais la tante, flattais Ronald et déclarais mon amour à ma bien-aimée.

« Oui, en effet, dis-je à la servante, votre journal m’a apporté des nouvelles de la dame de mon cœur, et des nouvelles excellentes, par-dessus le marché ! »

Tout ce jour-là, j’allai sous un vent d’hiver aigre et pénétrant. Mais je bénissais ce vent, pour l’occasion qu’il me procurait de m’enrouler dans mon plaid ; et c’était comme si j’avais senti les bras mêmes de Flora serrés autour de moi.