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XIII

Saint-Yves trouve deux compatriotes.


Aussitôt que je jugeai la chose possible, et ce ne fut pas avant que Burchell Fenn eût achevé de retrouver son souffle et toute sa bonne humeur, je demandai à ce coquin de me conduire auprès des officiers français, qui désormais allaient devenir mes compagnons de route. J’appris qu’ils étaient deux ; et mon cœur frémissait à la pensée de les voir. Le spécimen de la perfide Albion que je venais d’étudier ravivait encore en moi le désir de me retrouver avec des compatriotes. J’avais hâte de les embrasser ; j’aurais déjà voulu pleurer dans leurs bras.

Ils étaient installés dans une chambre spacieuse et basse, donnant sur la cour. Au beau temps de la maison, cette chambre devait avoir servi de bibliothèque, car il y avait des vestiges de rayons sur les murs lambrissés. Sur le plancher, dans un coin, gisaient quatre ou cinq matelas délabrés, auprès desquels j’aperçus une cuvette et un morceau de savon. Dans un autre coin étaient rassemblées une table de cuisine boiteuse et quelques méchantes chaises. La pièce était éclairée par quatre fenêtres et chauffée par une misérable petite grille à charbon, qu’on avait placée au milieu d’une énorme cheminée ancienne, et où quelques morceaux de charbon fumaient effroyablement.

Sur l’une des chaises, tout contre cette parodie d’un feu, était assis un vieillard à cheveux blancs. Il était