Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/146

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maine d’un moment à l’autre, et qu’on avait aussi envoyé chercher mon cousin, le vicomte de Saint-Yves.

« Une attaque soudaine ? » demandai-je.

Non, M. Dawson, malgré son regret de me contrarier, ne pouvait pas aller jusqu’à convenir de cela. C’était plutôt un déclin continu, une vie s’éteignant ; mais le marquis s’était senti si mal, le jour précédent, qu’il avait envoyé chercher M. Romaine ; et, là-dessus, le majordome avait pris sur lui de prévenir le vicomte.

« Il m’a semblé, monsieur, dit-il, que le moment était venu où toute la famille devait se réunir ! »

Je l’approuvai de mes lèvres, mais non de mon cœur. Ce Dawson était évidemment tout dévoué aux intérêts de mon cousin.

« Et quand puis-je espérer voir mon grand-oncle le marquis ? » demandai-je.

Dawson me répondit que, suivant toute apparence, je verrais mon oncle dès ce soir même, et que, en attendant, il allait me conduire dans la chambre qui depuis longtemps était préparée pour moi. Après quoi, dans une demi-heure environ, je dînerais avec le médecin, si toutefois Ma Seigneurie n’y voyait pas d’objection.

Ma Seigneurie n’en voyait aucune.

« Malheureusement, ajoutai-je, un accident m’est arrivé en route ; j’ai perdu mon bagage et n’ai point d’autre vêtement que celui que je porte sur moi. (Le fait est que toute ma petite garde-robe était restée dans le chariot de King, à l’exception du plaid de Flora, dont je ne me séparais jamais.) Pour peu que le médecin soit formaliste, j’aurai à m’excuser de dîner avec lui en cette tenue ! »

Avec un sourire complaisant, Dawson me pria de ne pas m’inquiéter.

« Nous attendions depuis longtemps Votre Seigneurie. Tout est prêt ! »

En effet, tout était prêt. Une grande chambre avait été préparée pour moi, une chambre magnifique avec de hautes fenêtres à meneaux de pierre et une cheminée vraiment