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III

Les remontrances de M. Romaine.


Tout confus d’avoir été ainsi pris à l’improviste, j’eus vite fait de me remettre sur pieds et de souhaiter la bienvenue à mon visiteur. Celui-ci ne me refusa pas sa main ; mais il me la tendit avec une froideur et une réserve auxquelles j’étais loin d’être préparé ; et l’expression de son visage, pendant qu’il me regardait, avait une sévérité exceptionnelle.

« Ainsi, monsieur, je vous trouve ici ! » me dit-il, du ton le moins encourageant du monde. Puis, s’adressant à Rowley :

« Ah ! te voilà, Georges ? Tu peux filer à l’office, mon garçon ! J’ai à causer avec ton maître. »

Mon valet s’empressa d’obéir. M. Romaine, après avoir verrouillé la porte derrière lui, s’assit dans un fauteuil, près du feu, et de nouveau fixa sur moi un regard d’une dureté sans mélange.

« Je ne sais par où commencer ! dit-il. Au milieu de l’inextricable labyrinthe de fautes et d’embarras que vous avez trouvé le moyen d’amonceler devant vous, je ne sais, positivement, par où commencer. Peut-être le mieux est-il de vous faire lire d’abord ce fait-divers ? »

Et il me tendit un journal, en me désignant du doigt le passage à lire.

Ce passage était très court, il annonçait sommairement qu’on venait de ressaisir l’un des prisonniers français