— Pardon, dans le comté de Buckingham ! répondis-je en souriant.
— Oui, mais ce que je veux dire, reprit-il, c’est que vous ne pouvez pas nous le prouver. Il nous faudrait un témoin à l’appui de vos assertions
— Oh ! vous avez tout à fait raison m’écriai-je. Je suis d’une distraction impardonnable. »
Je courus au secrétaire, et écrivis rapidement le nom et l’adresse de M. Romaine.
« Tenez, monsieur Gilchrist, dis-je, voici ma référence ! Aussi longtemps que vous n’aurez pas écrit à cette adresse, et que vous n’en aurez pas reçu de réponse négative, j’aurai le droit d’être traité par vous en gentleman, et je veillerai à maintenir ce droit ! »
Mes paroles, et la décision de mon accent l’abasourdirent.
« Je vous demande bien pardon, Saint-Yves ! balbutia-t-il. Croyez-moi, je n’avais nullement l’intention de vous offenser ! Mais c’est précisément ce qui fait la difficulté de mon affaire : de quelque côté que je l’aborde, je risque de vous offenser ! Excusez-moi ! ce n’est pas ma faute. Mais vous devez bien voir par vous-même, mon cher ami, que cette demande en mariage est tout à fait impossible ! C’est pure folie ! Nos deux nations sont en guerre : vous êtes prisonnier…
— Il y a eu au temps de la Ligue un Saint-Yves, répondis-je, qui, s’étant épris d’une dame huguenote, s’en alla chercher sa fiancée en plein camp ennemi ; et ce fut un mariage parfaitement heureux.
— Et puis… commença Ronald. Après quoi il s’arrêta, et regarda le feu.
— Et puis ? répétai-je.
— Eh bien ! lâcha enfin Ronald sans relever les yeux, il y a encore cette affaire… de ce Goguelat !
— Quoi ? m’écriai-je, sursautant dans mon fauteuil. Qu’est-ce que vous avez dit ?
— L’affaire de ce Goguelat ! murmura-t-il.