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VII

Le bal.


Lorsque je sonnai pour avoir mon eau chaude et me faire raser, le lendemain matin, je ne reçus d’autre réponse qu’un grognement inarticulé. Mais au troisième coup de sonnette la porte s’ouvrit ; et sur le seuil j’aperçus, debout, ou plutôt titubant, le modèle des valets. Il était en chemise, dépeigné ; son visage exprimait un mélange de honte et d’abrutissement. Il tenait en main le broc d’eau chaude ; mais sa main tremblait, et déjà sa chaussure était tout arrosée.

« Jamais plus ! monsieur Anne ! proféra-t-il d’un ton pitoyable.

— J’en suis sûr, Rowley ! C’est là un accident qui arrive aux meilleurs ; et souvent il leur profite pour les rendre meilleurs encore !

— Je sens que je vous ai donné tant d’embarras, hier soir ! reprit le pauvre garçon.

— Les embarras de la veille ne comptent pas ! répondis-je. Mais j’en aperçois d’autres devant moi, pour aujourd’hui, où je crois bien que ce qui me reste de tête va m’abandonner. Et, d’abord, il y a Mme Mac Rankine qui va venir d’un instant à l’autre pour nous exécuter !

— Oh ! quant à ça, monsieur Anne, répondit Rowley avec un clignement tout à fait impertinent de ses yeux rougis, vous n’avez pas à vous mettre en peine ! La vieille aboie plus qu’elle ne mord ; et au fond, sauf excuse,