fit une place tout près d’elle, et se mit à jouer de son éventail.
« Écoutez ! lui dis-je à demi-voix. Mon cousin Alain est à Édimbourg, à l’hôtel Dumbreck ! »
Elle continuait à tenir son éventail levé, bien que son petit poignet tremblât affreusement.
« Le gredin a amené tout Bow Street avec lui, repris-je ; et, suivant toute vraisemblance, on est en train d’explorer tous les logements de la ville pour me découvrir.
— Et vous vous attardez à Édimbourg, et vous osez vous montrer ici ! Il faut que vous soyez fou, Anne ! Vous vous perdez !
— J’ai été fou, ma chérie ! mais, maintenant c’est la sagesse qui m’a fait venir ici. Figurez-vous que j’ai commis la sottise de déposer ce qui me restait d’argent dans une banque de George Street, au nom de Rowley ! Et voici que l’entrée de la banque est surveillée ! Sans argent, impossible de me mettre en route ! Il m’a donc bien fallu vous retrouver, pour vous réclamer les billets dont vous avez eu la bonté d’accepter la garde ! Je suis allé avant-hier à Swanston ; j’y ai été accueilli par Chevenix, ayant sous ses ordres votre estimable frère et un animal nommé Towzer, que j’espère bien avoir assommé, soit dit en passant ! Et j’espère bien pouvoir assommer de même son digne maître, dès que j’aurai un peu de loisir. Je commence à en avoir tout à fait assez, du major Chevenix ! »
Mais l’éventail s’était abaissé. Flora avait penché la tête en avant, et elle me considérait d’un regard navré, avec des remords infinis dans ses beaux yeux.
« Et moi qui ai enfermé les banknotes dans mon armoire, tout à l’heure, en m’habillant pour le bal ! C’est la première fois qu’elles ont quitté mon cœur ! Malheureuse, méchante créature que je suis !
— Hé ! chérie, le mal n’est pas irréparable ! Quand vous rentrerez chez vous, cette nuit, glissez-les dans une cachette quelconque ; par exemple, dans le coin du mur, au bas du jardin…