Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/318

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— Et pourquoi descendre ?

— Parce qu’il me revient en mémoire que quelqu’un, dans la foule, vous a appelé d’un nom qui n’était pas Ducie ; et que, si votre nom est celui que j’ai entendu, je me considère comme tenu de me séparer de vous le plus vite possible ! »

Le gaillard commençait à devenir vraiment inquiétant. Je me baissai, sous prétexte de ramasser un plaid, car l’air s’était encore refroidi, et je murmurai tout bas :

« Monsieur Byfield, s’il vous plaît, un mot en particulier !

— Soit ! » fit-il, en lâchant le cordon.

Nous allâmes nous appuyer à l’arrière de la nacelle.

« Si je ne me trompe pas, dis-je, le nom que vous avez entendu était Champdivers ? »

Il acquiesça d’un signe de tête.

« L’homme qui m’a appelé de ce nom, repris-je, était mon propre cousin, le vicomte de Saint-Yves. Je vous en donne ma parole d’honneur. Et, quant à moi, je vous avoue en toute franchise que je suis bien Champdivers !

— L’assass…

— Non, certes ! J’ai tué un homme en duel !

— Ah ! fit-il d’un accent d’incrédulité. Voilà ce qui vous reste à prouver !

— Mais enfin, mon ami, vous ne vous attendez pas à ce que je vous le prouve ici, à l’aide de ces instruments d’aérostation ?

— Il ne s’agit pas d’ici ! répliqua-t-il. »

Et il fit mine de vouloir s’éloigner.

« Alors, vous désirez que je vous le prouve là-bas ? Là-bas, je vais vous dire ce que je pourrai prouver ! Je pourrai prouver, monsieur, que je me suis trouve en votre compagnie, tout récemment, et que j’ai même soupé avec vous pas plus tard qu’avant-hier. Vous pourrez soutenir, de votre côté, que nous ne sommes réunis ici que par accident, et que mon invasion sur votre machine a été pour vous une surprise. Oui, vous pourrez soutenir cela !