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VIII

Le poulailler.


Je passai plus d’une demi-heure dans la société des poules de Flora ; et ce n’est pas une demi-heure dont je garde un souvenir bien plaisant. Mes mains écorchées me faisaient vivement souffrir, et je n’avais rien pour les panser. J’étais tourmenté par la faim et par la soif, et je n’avais rien à manger ni à boire. J’étais affreusement fatigué, et il n’y avait pas un endroit où je pusse m’asseoir. Ou plutôt il y avait bien le sol : mais on ne saurait rien imaginer de moins engageant.

Enfin j’entendis un bruit de pas, et ma bonne humeur me revint. La clef tourna dans la serrure : ce fut le jeune Ronald qui entra. Après avoir refermé la porte, il s’adossa contre elle.

« Vraiment, monsieur ! dit-il en hochant sa jeune tête d’un air tout maussade.

— Oui, je sais que j’ai pris là une grande liberté ! dis-je.

— C’est diablement ennuyeux ! Ma position est diablement embarrassante ! fit-il.

— Sans doute, répondis-je. Mais, à ce compte, que pensez-vous de la mienne ? »

Mon objection parut l’avoir déconfit ; et il se tut, me regardant avec un mélange comique d’innocence et de sévérité. J’eus peine à ne pas sourire.

« Je suis entre vos mains ! lui dis-je. Vous pouvez faire de moi ce que vous jugerez bon.

— Hé ! s’écria-t-il, si seulement je savais quoi faire !